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Chronologie d'une révolution

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA RÉVOLTE ÉTUDIANTE

 

LA GRÈVE GÉNÉRALE

 

LA CRISE POLITIQUE

 

FRISE CHRONOLOGIQUE

 

 

 

LA RÉVOLTE ÉTUDIANTE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA GRÈVE GÉNÉRALE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA CRISE POLITIQUE

 

 

Mai 68 est un mouvement de contestation politique, sociale et culturelle qui a eu lieu à Paris et dans toute la France durant l'année 1968. Tout commence par une révolte étudiante, du 3 au 13 mai. Puis le mouvement se transforme en révolte sociale, du 13 au 27 mai. Et finit en véritable crise politique, à partir du 27 mai jusqu'aux élections législatives, le 30 juin.

Par son triple aspect, Mai 68 constitue un tournant de l'histoire contemporaine française, une véritable « crise de la civilisation ».

Les répercussions de Mai 68

"Nous sommes beaucoup moins naïfs aujourd'hui..."

 

Laurence Devillairs, co-auteur avec Patrick Rotman du livre "Mai 68 raconté à ceux qui ne l'ont pas vécu", éditions Seuil, 2008.

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Comment les événements ont-ils pu avoir lieu?

"Un coup de tonnerre dans un ciel serein"

 

Laurence Devillairs, co-auteur avec Patrick Rotman du livre "Mai 68 raconté à ceux qui ne l'ont pas vécu", éditions Seuil, 2008.

Mai 68 a-t-il atteint son objectif?

"Il y a un avant et un après Mai 68"

Laurence Devillairs, co-auteur avec Patrick Rotman du livre "Mai 68 raconté à ceux qui ne l'ont pas vécu", éditions Seuil, 2008.

À la fin des années 60, la jeunesse ne semble plus se reconnaître dans cette société encore modelée par les valeurs traditionnelles et fermée à ses ambitions. Durant les Trente Glorieuses, la France a vu tripler le nombre de lycéens et d'étudiants. De nouvelles facultés sont alors construites à la hâte dans des « banlieues-ghettos ». Et de nouveaux enseignants et assistants aux statuts précaires sont recrutés, essentiellement parmi les jeunes professeurs de lycée. À cela s'ajoutent la critique de l'enseignement traditionnel (les structures n'évoluent pas et les professeurs en titre règnent sans partage en « mandarins »), l'inquiétude  des futurs diplômés sur leur avenir, notamment en lettres, et une « aggravation » de la sélection à l'université (suite à l'application de la réforme Fouchet en 1967). Dans ce contexte de malaise latent au sein de l'université française, une révolte étudiante sans précédent bourgeonne.

Les premiers incidents ont lieu au tout début de l'année 1968, à l'université de Nanterre. Cette annexe de la Sorbonne est inaugurée en 1963 et se trouve très excentrée, située au milieu d'un « immense bidonville » . Très vite, des mouvements d'extrême gauche se développent et prônent la révolte contre l'institution universitaire, considérée comme l'un des rouages de la société capitaliste. De là naît le « Mouvement du 22 mars », conduit par Daniel Cohn-Bendit.

 

L'agitation des amphithéâtres gagne ensuite la capitale et les rues du Quartier Latin. Le 3 mai, alors que les étudiants tiennent un meeting de protestation à la Sorbonne, la police intervient brutalement : 500 jeunes sont arrêtés. La répression provoque la solidarité de l'ensemble du milieu estudiantin. À la tête du mouvement : l'UNEF (Union Nationale des Étudiants de France), un syndicat étudiant, dirigé par Jacques Sauvageot, bientôt rejoint par les Comités d'Actions Lycéennes (CAL).

Les affrontements s'amplifient de jours en jours, entre barricades, pavés, matraques, gaz lacrymogènes et cocktails molotov, relayés en direct par la radio. Les slogans mythiques scandés par les manifestants tels que « CRS-SS », « sous les pavés, la plage », « il est interdit d'interdire » ou encore « la volonté générale contre la volonté du général » témoignent du climat délétère qui refuse une société capitaliste ressentie comme répressive, le conformisme et les inégalités sociales.

Dans la nuit du 10 au 11 mai, Paris semble revivre l'épisode des barricades de la Révolution. Les combats entre étudiants et CRS font des centaines de blessés. Le pays est sous le choc. La révolte va alors prendre une toute autre tournure. L'agitation étudiante, jusque là isolée, rencontre la sympathie de l'opinion publique. Le 13 mai, les syndicats défilent aux côtés des étudiants contre les brutalités policières. Et le lendemain, une vague de grèves s'enclenche. La crise devient alors sociale.

 

La France se trouve dans un climat de tension sociale croissante depuis la mise en œuvre en 1964 du plan de stabilisation de Valéry Giscard d'Estaing, ministre des Finances. Le plan entraîne un ralentissement général puis une stagnation de la croissance, provoquant le mécontentement des salariés habitués à la croissance de leur pouvoir d'achat. À compter de 1967, la France compte 300 000 chômeurs.

En parallèle les premières revendications « qualitatives » se font entendre en Mai 68. Les ouvriers veulent plus de considération dans leur travail et rejettent la hiérarchie et le principe d'autorité. Pour la première fois, une grève réunit à la fois les travailleurs et les étudiants.

Progressivement jusqu'au 22 mai, le mouvement s'étend. Le pays se retrouve bientôt avec 7 millions de grévistes déclarés, sans compter les salariés au chômage technique ou tout simplement bloqués par manque de transports. Du jamais vu. Le pouvoir, conscient des enjeux, finit par réagir. Le 24 mai, le général de Gaulle annonce à la télévision la tenue d'un référendum sur « la rénovation

universitaire, sociale et économique », sous-entendant qu'il se retirait en cas de victoire du « non », mais son annonce reste sans effet. Le Premier ministre Georges Pompidou prend le relais et de lance les négociations de Grenelle le 25 et 26 mai. À ce moment là, des divergences au sein même de la contestation apparaissent. Alors que les étudiants gauchistes, qui regroupent les anarchistes, les trotskistes et les maoïstes, souhaitent un changement radical des structures, les grévistes, eux, remettent surtout en cause la hiérarchie et le principe d'autorité. Quant au parti communiste et à la CGT, ils insistent sur les revendications professionnelles et salariales. Finalement, les négociations entre le gouvernement, les syndicats et le patronat aboutissent, le 27 mai, aux accords de Grenelle qui se résument à l'augmentation des salaires de 10% et une revalorisation de 35% du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti). Pour autant, ces avantages « quantitatifs » et immédiats ne suffisent à régler le conflit. Ils déçoivent notamment l'UNEF et la CFDT qui, eux, souhaitent des réformes de structure. Les grèves continuent et la crise politique emboîte le pas à la révolte sociale.

Le mouvement est ensuite récupéré par la classe politique. Le 27 mai, quelque 30 000 insatisfaits se réunissent au stade Charléty. Parmi eux, Pierre Mendès France, qui cautionne le mouvement mais ne s'exprime pas. Le lendemain, François Mitterrand se pose comme alternative au général en cas de démission. De son côté, le Parti Communiste Français (PCF) organise une puissante manifestation le 29 mai réclamant un « gouvernement populaire ». Le même jour, De Gaulle disparaît, créant ainsi un sentiment d'affolement dans tout le pays. Édouard Balladur, conseiller du Premier ministre en 68, confiait lors d'une interview pour l'Express en 2008 : « De Gaulle a-t-il calculé les effets de son aller-retour secret, puis public? A-t-il mesuré l'étendue du trouble qu'il allait provoquer? Je n'en sais rien. [...] Il considérait peut-être qu'il ne devait pas rester à Paris le jour de la manifestation communiste, quand tout pouvait arriver. [...] L'absence de De Gaulle a privé la manifestation communiste de tout son sens. Qu'a-t-il vraiment éprouvé? Je ne peux que répéter ce qu'avant son départ il a dit à son gendre, le général de Boissieu : "Je vais voir ce que pense l'armée..." ». De Gaulle s'était en effet réfugié à Baden-Baden, au siège des forces françaises en Allemagne,

auprès du général Massu. À son retour le lendemain, il affiche la fermeté. Dans une brève allocution radiodiffusée, qui n'est pas sans rappeler l'appel du 18 juin 1940, il annonce la dissolution de l'Assemblée et la tenue d'élections anticipées. S'opère alors un retournement de situation. La « majorité silencieuse », inquiète et lasse, se rassemble autour du général et le retour à l'ordre semble devenir la seule issue. La manifestation organisée le soir par les gaullistes sur les Champs-Élysées rassemble 500 000 personnes. La reprise du travail s'opère lentement et le scrutin des 23 et 30 juin, qui donne une majorité à la droite gouvernante, clôt définitivement cet épisode.

 

Si le mouvement de Mai 68 a échoué à court terme, ses retombées, elles, sont multiples. La société d'après Mai 68 n'est définitivement plus la même. Les institutions traditionnelles telles que l'armée, la famille ou encore l’Église sont remises en cause. Les universités, elles, sont réorganisées avec la loi Edgar Faure qui introduit également le principe de participation (système de conseils élus où sont représentés les étudiants, les enseignants et le personnel de l'université). Les lois sur les sections syndicales d'entreprise ouvre la voie à une lente transformation des relations salariales. Sur le plan politique, le général de Gaulle se retire après l'échec du référendum d'avril 1969 (qui portait sur la réforme des régions et la transformation du Sénat). À gauche, la crise semble avoir provoqué un déclic provoquant le renouveau du Parti socialiste. Partout, l'autorité est attaquée. Cet aspect « anti-autoritaire et libertaire » se retrouvera de façon durable dans la société et la vie politique française. Mai 68 aura donc été une grande période de démocratie directe, qui a accéléré l'évolution des mentalités, que ce soit pour le travail, l'environnement ou la condition féminine.

 

Anne Durand

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1968 en quelques dates

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